Mes lapinous,
L’heure est grave (et à la révélation) : le 3 juin, à 16h30 environ, le final cut était donné à ma nouvelle coupe. Une demi-heure plus tôt, le coiffeur tranchait environ 60 centimètres de cheveux, BIM comme ça. Je suis passée de 102 à 42 centimètres. Wouhou !
Parce que ce blog a commencé précisément parce que j’avais envie de me laisser pousser de lo(ooooo)ngs cheveux, qu’ils ont un peu été sa raison d’être primitive, je vous dois bien un petit article d’adieu de mes cheveux, du pourquoi du comment … et du résultat !
Ça faisait un petit moment déjà que l’idée me trottait dans la tête. Et puis l’envie s’est faite sentir vraiment lors de mon séjour au Japon. Mon choix était déjà fait, mais il fallait que je prenne la décision, que je mette en oeuvre ce qu’il fallait pour me faire enlever ma toison. J’ai stressé, j’ai angoissé, j’ai hésité, j’ai été excitée, nerveuse, sautillante, j’ai longuement regardé mes cheveux, mes cheveux m’ont longuement regardée, et puis j’ai sauté le pas. Sans regret.
Mes cheveux longs et moi, ça a été une très belle histoire d’amour, très longue. Disons que j’ai eu la volonté de les faire pousser à l’hiver 2012, mais en réalité, je ne les ai pas eu courts depuis dix ans. Avoir les cheveux longs, très longs, c’était ma volonté de m’affranchir du sempiternel carré de mon enfance, l’envie de prouver (au monde = surtout à moi-même) que je pouvais avoir de très longs cheveux, de relever le défi, et de réaliser un rêve de petite fille.
Ah, les cheveux… Les réduire à un simple symbole de féminité ne serait pas leur faire hommage. Ils sont un symbole de force et de puissance, de pouvoir (au sens noble du terme). Je pense aux cultures nordiques, médiévales, et natives américaines, pour lesquelles les cheveux sont un symbole de puissance, de même qu’une aide à l’équilibre et au développement du sixième sens. Sans eux, on « sent » moins bien, et on prive le chasseur, le guerrier, d’un atout majeur. Ils sont comme des yeux derrière la tête…
D’ailleurs, il suffit de savoir que, dans la société médiévale franque (Ve-VIIIe siècles), il fallait au moins enlever deux choses à un homme pour l’empêcher de devenir roi : ses yeux et ses cheveux. Et puis si on pouvait l’enfermer dans un couvent au passage, c’était encore mieux. Mais je m’égare.
Bref, les cheveux longs, très longs, jamais coupés, c’est toute une histoire… Et chaque personne ayant les cheveux très longs les as pour une raison différente !
Les cheveux ne sont pas juste une esthétique : ils nous construisent socialement, il encadrent notre visage. On peut les porter attachés, détachés, courts, longs, tressés, colorés, etc. : ils sont un outil de notre identité. Se couper les cheveux n’est jamais anodin : on change d’état.
Et parce que cette coupe avait quelque chose de hautement symbolique, et qu’il était inenvisageable que je me fasse louper, pour la première fois depuis six ans, je suis retournée chez le coiffeur. Et je me suis offert le studio de Cut by Fred.
Je vous avais déjà mentionné mon admiration pour son travail. Maintenant, il a un associé, Patrice, et c’est lui qui s’est occupé de moi. Humainement, c’est carrément ma cam. Je ne peux pas dire autre chose : ce sont de belles personnes qui font des choses fantastiques. Quand j’ai vu la coupe et le sourire éclatant de la cliente précédente, et qu’elle m’a lancé avec un clin d’œil malicieux un « Je te laisse entre de bonnes mains », j’ai su que j’avais poussé la bonne porte.
Couper ces cheveux, c’était retrouver une liberté. Quand Patrice a majestueusement et sans aucune hésitation tranché dans la masse à quelques centimètres de l’élastique, et que j’ai reçu l’imposante queue de cheval dans les mains, j’ai été simplement heureuse, profondément sereine, et joyeuse. J’avais l’impression d’avoir dix ans de ma vie dans les mains. Et c’était le cas.
Faire le bilan de ces années de pousse n’est pas évident : j’ai réalisé un rêve, et c’est par la réalisation de ce rêve que j’ai été conduite sur le chemin du naturel en cosmétique, du concept de Slow cosmétique, et de tant d’autres choses qui m’ont construite depuis. Ma volonté infaillible d’avoir des cheveux très longs m’a ouvert plein de portes et pour ça, rien que pour ça, c’était génial. C’est le même chemin qui m’a amené à les couper, parce qu’une page se tourne, vraiment.
Maintenant ce qui est drôle, c’est que pendant quelques jours, j’ai encore eu de vieux réflexes de cheveux longs : hier soir en enlevant mon t-shirt, j’ai levé les bras trèèèèès hauts pour laisser le temps aux cheveux de retomber… ah bah… non en fait. Du coup j’ai gloussé toute seule en constatant que non, je n’allais plus avoir besoin de faire attention à mes cheveux quand je m’habille !
Et puis la brosse qui va trop loin, trop bas, les quantités de poudres, de shampoings, de masques, à revoir. Une nouvelle routine qui va se mettre en place.
Il y a une dernière chose que je n’ai pas encore abordée, c’est ce que j’ai fait de mes cheveux. Cela a toujours été une évidence pour moi : si je me les coupe, je les donne. Mes cheveux sont donc partis à Solidhair, une association qui fabrique des perruques pour les femmes atteintes de cancer et sous traitement chimiothérapeutique.
Bisous mes lapins-garous :)